
Sommaire
1/ Introduction générale
2/ Le tableau de financement (Définition et utilité ; Méthodologie d’élaboration ; Structure type du tableau ; Analyse du tableau de financement ; Analyse du tableau de financement)
3/ Le cash-flow (Typologie des cash-flows ; Calcul de la CAF (Approfondissement) ; Flux prévisionnels dans un projet d’investissement)
4/ Le tableau des flux de trésorerie « IAS 7 et SYSCOHADA révisé » (Définition et objectifs ; IAS 7 vs SYSCOHADA (encadré pédagogique comparatif) ; Structure et contenu du tableau ; Exemple illustratif avec méthode indirecte)
5/ Application concrète à l’évaluation d’un projet (Présentation du projet Calculs étape par étape)
6- Exercices d’application
1- Introduction générale
Dans un contexte où les entreprises sont confrontées à une complexité croissante des choix d’investissement et de financement, l’analyse des flux financiers devient un levier essentiel pour garantir la viabilité et la performance des projets. Si les résultats comptables (tels que le résultat net ou la capacité d’autofinancement) fournissent une image ponctuelle de la rentabilité économique, ils restent insuffisants pour évaluer l’équilibre financier réel d’un projet ou d’une entreprise.
C’est dans cette optique que les outils de gestion de flux – à savoir le tableau de financement et l’analyse des cash-flows – prennent tout leur sens. Ils permettent de répondre à des questions clés telles que :
· L’entreprise est-elle en mesure de financer ses investissements avec ses ressources internes ?
· Quels sont les impacts d’un projet sur la trésorerie à court et moyen terme ?
· Comment évolue l’équilibre entre les ressources durables et les emplois durables ?
· Quels flux le projet générera-t-il réellement pour les parties prenantes (actionnaires, créanciers, etc.) ?
Contrairement à une approche purement statique fondée sur les documents de synthèse (bilan, compte de résultat), l’analyse des flux offre une vision dynamique, en mettant en évidence les mouvements réels de ressources financières sur une période donnée. Elle permet ainsi de passer d’une lecture comptable à une lecture financière des décisions.
Ce chapitre vise donc à :
· Présenter la logique du tableau de financement, en lien avec l’analyse de la structure financière ;
· Approfondir le concept de cash-flow, élément fondamental de l’évaluation de projets ;
· Mettre en lumière la place centrale des flux de trésorerie dans la prise de décision d’investissement, notamment à travers des modèles prévisionnels ;
· Et enfin, établir le lien entre ces flux et les indicateurs classiques de performance (VAN, TRI, IP) étudiés dans le chapitre précédent, sans les redéfinir mais en illustrant leur construction à travers les flux.
À travers une démarche progressive, nous explorerons successivement le tableau de financement (Section 2), les cash-flows (Section 3), puis le tableau des flux de trésorerie et leur articulation avec l’analyse de projets (Sections 4 et 5).
2- Le tableau de financement
2.1 Définition et utilité
Le tableau de financement est un instrument fondamental d’analyse financière, utilisé pour comprendre comment une entreprise a financé ses investissements à long terme et comment elle a utilisé ses ressources stables au cours d’une période donnée. Contrairement au bilan, qui présente une photographie de la situation patrimoniale à un instant donné, ou au compte de résultat, qui rend compte de la performance économique, le tableau de financement s’inscrit dans une logique dynamique : il restitue les flux réels de financement et d’investissement intervenus sur un exercice.
Il a pour objectif principal de répondre aux deux questions suivantes :
· Quelles ont été les ressources stables mobilisées pendant l’exercice ?
· Quels ont été les emplois stables de ces ressources ?
Il se fonde sur une lecture comparative de deux bilans successifs, ce qui lui permet de mettre en évidence les variations structurelles du patrimoine de l’entreprise et d’analyser la qualité de sa politique financière.
Le tableau de financement est particulièrement utile dans plusieurs situations :
· Lorsqu’il s’agit de valider la cohérence entre les investissements réalisés et les ressources mobilisées (internes ou externes) ;
· Pour analyser l’évolution du besoin en fonds de roulement et de la trésorerie ;
· Pour évaluer l’autonomie financière de l’entreprise ;
· Et plus généralement, pour préparer ou justifier des décisions d’investissement, de financement ou de restructuration.
2.2 Méthodologie d’élaboration
a. Base de calcul : les bilans successifs
La construction du tableau de financement repose sur la comparaison de deux bilans : le bilan de clôture de l’année N et celui de l’année N-1. L’objectif est d’observer les variations nettes des postes du bilan, c’est-à-dire ce qui a changé entre le début et la fin de l’exercice.
L’analyse s’effectue hors trésorerie : la variation nette de trésorerie entre les deux exercices n’est pas prise en compte directement dans les postes, mais est calculée à partir de la différence entre les ressources et les emplois.
b. Principes de lecture des variations
Voici les règles d’interprétation généralement utilisées :
c. Organisation du tableau
Le tableau est généralement structuré en deux blocs :
La différence entre les ressources et les emplois donne la variation nette de la trésorerie.
2.3 Structure type du tableau
Voici un modèle de présentation classique d’un tableau de financement, dit "tableau des flux financiers hors trésorerie" :
Tableau simplifié :
A. Emplois stables
Nature des emplois |
Montants (FCFA) |
Acquisitions d’immobilisations |
… |
Remboursements d’emprunts |
… |
Augmentation du BFR |
… |
Total des emplois stables |
… |
B. Ressources stables
Nature des ressources |
Montants (FCFA) |
Capacité d’autofinancement (CAF) |
… |
Emprunts nouveaux |
… |
Apports en capital |
… |
Cessions d’actifs |
… |
Diminution du BFR |
… |
Total des ressources stables |
… |
C. Variation de la trésorerie :
· Si > 0 → la trésorerie s’est améliorée.
· Si < 0 → la trésorerie s’est dégradée.
2.4 Analyse du tableau de financement
L’analyse du tableau de financement permet de porter un diagnostic sur la politique d’investissement, de financement et de gestion du besoin en fonds de roulement (BFR). Elle s’effectue généralement autour de plusieurs axes :
a. La capacité d’autofinancement (CAF)
Elle figure en première ligne des ressources. Elle traduit les flux potentiellement disponibles générés par l’activité, avant toute politique de distribution ou d’investissement. Une CAF élevée témoigne d’une bonne santé financière.
on la développera en détail au chapitre 3.2
b. L’autofinancement net
Il correspond à la CAF diminuée des dividendes distribués, c’est-à-dire à la part des résultats réellement conservée dans l’entreprise. Il mesure l’effort d’accumulation des ressources internes.
c. L’équilibre ressources/emplois
Si les investissements sont entièrement financés par la CAF, l’entreprise est autonome financièrement.
Si elle doit recourir à l’endettement, il faut s’assurer que la rentabilité attendue couvre le coût du capital.
d. La variation du BFR
Une hausse du BFR signifie que l’entreprise a immobilisé davantage de fonds dans le cycle d’exploitation → emploi.
Une baisse du BFR libère de la trésorerie → ressource.
Cela permet d'expliquer pourquoi une variation du BFR est considérée comme un emploi ou une ressource.
e. La variation nette de trésorerie
C’est l’indicateur final : il reflète l’aptitude de l’entreprise à maintenir ou améliorer sa liquidité après avoir financé ses investissements.
Cette formule permet de relier le tableau à la capacité de financement net de l’entreprise sur la période.
En résumé : Le tableau de financement ne se limite pas à un outil de reporting. Il constitue un véritable instrument d’analyse stratégique, qui permet de :
· Comprendre les arbitrages opérés entre financement interne et externe ;
· Identifier les tensions ou excédents de trésorerie ;
· Et de juger de la soutenabilité de la politique financière de l’entreprise.
3- Le cash-flow
3.1 Typologie des cash-flows
Le terme cash-flow désigne de manière générale un flux de trésorerie généré par l’activité de l’entreprise. Il permet de mesurer les ressources financières réellement mobilisables, indépendamment des notions purement comptables.
Contrairement au résultat net, affecté par des éléments non monétaires (dotations, amortissements, provisions, écritures d’inventaire, etc.), le cash-flow vise à identifier les flux financiers réels, encaissés ou décaissés, qui affectent directement la trésorerie.
Il existe plusieurs formes de cash-flows, à utiliser selon les contextes d’analyse :
Type de cash-flow |
Définition |
Utilisation principale |
Cash-flow brut |
Résultat avant impôt + amortissements |
Approche simple de la rentabilité d’exploitation |
Cash-flow net |
Résultat net + amortissements – investissements – variation BFR |
Évaluation plus réaliste de la capacité à générer du cash |
Cash-flow libre (FCF) |
Flux disponibles pour les actionnaires et les créanciers |
Base pour la valorisation d’entreprise |
Cash-flow d’exploitation |
Flux issus de l’activité principale |
Pilotage opérationnel |
Cash-flow d’investissement |
Décaissements pour les immobilisations |
Analyse de la politique d’investissement |
Cash-flow de financement |
Flux liés aux emprunts, augmentations de capital, dividendes |
Analyse de la structure financière |
3.2 Calcul de la capacité d’autofinancement (CAF)
La CAF est un indicateur essentiel, déjà évoqué dans le tableau de financement. Elle mesure la capacité de l’entreprise à générer des ressources internes sans modification de sa structure financière.
Il existe deux méthodes de calcul principales.
a. À partir du résultat net
Élément |
Rôle |
Résultat net |
Base de calcul |
+ Dotations |
Charges non décaissées |
– Reprises |
Reprise de provisions, produits non encaissés |
– Produits de cession |
Non récurrents, non représentatifs d’un flux d’exploitation |
Cette méthode est la plus fréquente et repose sur une logique de retraitement du résultat net comptable.
b. À partir de l’EBE (Excédent brut d’exploitation)
Cette méthode permet une approche plus fonctionnelle, car elle part d’un indicateur opérationnel.
Elle est adaptée lorsqu’on veut :
· Raisonner en logique exploitation (pour un business plan, par exemple)
· Exclure les éléments exceptionnels ou financiers
3.3 Flux prévisionnels dans un projet d’investissement
Lors de l’évaluation d’un projet, il est indispensable de construire un tableau de flux prévisionnels. Ce tableau permettra de calculer la VAN, le TRI, le Payback, etc.
Pour cela, plusieurs principes doivent être respectés :
a. Raisonner en différentiel
On ne retient que les flux supplémentaires induits par le projet (recettes et coûts différenciés), sans tenir compte des coûts fixes existants.
b. Ne retenir que les flux réels de trésorerie
Exclure les charges non décaissables (amortissements), les dotations, les écritures d’inventaire.
c. Respecter l’horizon de prévision
Durée de vie économique réelle du projet
Intégrer une valeur résiduelle ou un désinvestissement en fin de période
d. Intégrer la fiscalité
Le calcul se fait après impôts (souvent IS). Il est nécessaire de retraiter les flux nets :
3.4 Formule complète du cash-flow prévisionnel
Le cash-flow prévisionnel (ou flux de trésorerie d'exploitation) est le montant net de liquidités généré par un projet ou une activité après prise en compte de la fiscalité et des décalages liés au besoin en fonds de roulement (BFR).
Il s'agit d’un indicateur central en finance de projet, car il permet de déterminer les flux réels disponibles pour financer l’investissement, rembourser les emprunts, verser des dividendes, etc.
A. Si on part du Résultat d’Exploitation (REX) :
B. Si on part directement de l’EBE :
Attention : dans ce deuxième cas, on ne réintègre pas les amortissements, car l’EBE les inclut déjà (par définition, l’EBE est avant dotations).
Avec :
· EBE : Excédent Brut d’Exploitation = flux opérationnel brut (avant dotations)
· REX : Résultat d’exploitation = EBE – dotations aux amortissements
· IS : Impôt sur les bénéfices = (REX × taux d’IS)
· Amortissements : Charges calculées, à réintégrer uniquement si on part du REX
· ΔBFR : Variation du besoin en fonds de roulement (BFRₜ – BFRₜ₋₁)
Remarque : Méthode pédagogique décomposée pour le calcul du cash-flow
Cette méthode repose sur une construction progressive du flux de liquidité à partir de l’EBE, en reconstituant les étapes comptables. Elle est particulièrement utile en pédagogie pour visualiser les impacts successifs des éléments de gestion.
Étapes de calcul :
1. Partir de l’EBE
2. Soustraire les dotations aux amortissements pour obtenir le résultat d’exploitation
3. Soustraire l’IS (impôt sur les bénéfices calculé à partir du résultat d’exploitation)
4. Réintégrer les dotations aux amortissements (car ce sont des charges non décaissées)
5. Soustraire la variation du BFR (décalée d’un an)
Formule développée :
Ce qui revient à dire :
4- Le tableau des flux de trésorerie (IAS 7 et SYSCOHADA révisé)
4.1 Définition et objectifs
Le tableau des flux de trésorerie est un état financier synthétique qui présente l’origine et l’utilisation des flux monétaires réels de l’entreprise au cours d’un exercice.
Il vise à expliquer la variation de la trésorerie entre le début et la fin de l’exercice, en identifiant clairement :
· les flux liés à l’activité (exploitation),
· les flux liés aux investissements,
· et les flux liés au financement.
Cet état permet de répondre à des questions clés :
· L’entreprise est-elle capable de générer suffisamment de cash par son activité ?
· Quels investissements ont été réalisés ou cédés ?
· Quels moyens de financement ont été mobilisés (emprunts, apports, etc.) ?
· Quelle est la situation réelle de la trésorerie ?
4.2 IAS 7 vs SYSCOHADA révisé
Encadré pédagogique comparatif
Élément |
IAS 7 (IFRS) |
SYSCOHADA Révisé (État 5) |
Statut juridique |
Norme internationale (IFRS) |
Norme obligatoire dans l’espace OHADA |
Entreprises concernées |
Sociétés cotées, groupes internationaux |
Toutes les entreprises OHADA (SA, SARL, etc.) |
Nom de l’état |
État des flux de trésorerie |
État 5 : Tableau des flux de trésorerie |
Structure |
3 blocs : Exploitation, Investissement, Financement |
Idem : 3 blocs similaires |
Méthode autorisée |
Directe ou indirecte |
Principalement méthode indirecte |
Finalité |
Communication financière et évaluation |
Gestion interne, conformité légale |
En Côte d’Ivoire, toutes les entreprises soumises au SYSCOHADA révisé doivent produire un État 5, conforme à ce cadre.
4.3 Structure et contenu du tableau
Le tableau est organisé en trois grandes parties dans les deux référentiels, avec une méthode de calcul généralement indirecte (partant du résultat net).
A. Flux de trésorerie liés à l’exploitation
Ces flux proviennent des opérations normales et récurrentes de l’entreprise : ventes, achats, salaires, impôts, etc.
Calcul (méthode indirecte) :
Éléments retraités :
· Dotations aux amortissements et provisions
· Reprises
· Produits ou charges calculés (non monétaires)
· Variation du BFR
Ce bloc reflète la capacité à générer du cash via l’exploitation.
B. Flux de trésorerie liés aux investissements
Ce bloc retrace les acquisitions et cessions d’immobilisations, ainsi que les autres flux liés à l’investissement (titres de participation, immobilisations financières, etc.).
Exemple d’emplois (décaissements) |
Exemple de ressources (encaissements) |
Achat d’un terrain |
Vente d’un véhicule |
Acquisition d’une machine |
Cession d’un immeuble |
Permet de suivre la politique de développement ou de désinvestissement.
C. Flux de trésorerie liés au financement
Il regroupe les flux liés :
· aux apports en capital (augmentation de capital, primes),
· aux dettes financières (emprunts contractés ou remboursés),
· aux dividendes versés.
Ce bloc met en lumière les stratégies de financement interne et externe.
D. Variation de la trésorerie
Cette variation se vérifie toujours avec les soldes :
4.4 Exemple de tableau (méthode indirecte)
Rubrique |
Montant (en M FCFA) |
Flux d’exploitation |
|
Résultat net |
120 |
+ Dotations aux amortissements |
40 |
– Variation du BFR (+ = emploi) |
–30 |
Sous-total exploitation |
130 |
Flux d’investissement |
|
Acquisition d’immobilisation |
–100 |
Vente de véhicule |
+20 |
Sous-total investissement |
–80 |
Flux de financement |
|
Emprunt contracté |
+70 |
Remboursement d’emprunt |
–40 |
Dividendes versés |
–10 |
Sous-total financement |
+20 |
Variation nette de trésorerie |
+70 |
Le tableau des flux de trésorerie (IAS 7 ou SYSCOHADA) est un outil de diagnostic essentiel :
· Il permet d’évaluer la capacité de l’entreprise à générer des flux nets réels et durables ;
· Il révèle des déséquilibres structurels entre les flux d’exploitation, les investissements et les financements ;
· Il est obligatoire dans les référentiels modernes (SYSCOHADA comme IFRS) et est utilisé autant pour l’analyse interne que pour la communication externe.
5- Application concrète à l’évaluation d’un projet
Cette partie vise à mettre en pratique le calcul du cash-flow prévisionnel dans un cadre réaliste, pour :
5.1 Présentation du projet
Exemple-type : Une entreprise envisage un projet d’investissement industriel avec les hypothèses suivantes :
Élément |
Valeur |
Coût initial d’investissement |
360 millions FCFA |
Durée de vie du projet |
5 ans |
EBE annuel (stable) |
120 millions FCFA |
Dotation aux amortissements annuelle |
100 millions FCFA |
Taux d’IS |
33,33 % |
BFR initial |
0 |
BFR final (en fin d’année 5) |
20 millions FCFA |
Valeur résiduelle (cession en année 5) |
12 millions FCFA |
5.1 Calculs étape par étape
Année |
EBE |
Amort. |
IS |
ΔBFR |
Cession |
Cash-flow |
Flux net projet |
0 |
–360 |
||||||
1 |
120 |
100 |
6,67 |
0 |
0 |
113,33 |
113,33 |
2 |
120 |
100 |
6,67 |
0 |
0 |
113,33 |
113,33 |
3 |
120 |
100 |
6,67 |
0 |
0 |
113,33 |
113,33 |
4 |
120 |
100 |
6,67 |
0 |
0 |
113,33 |
113,33 |
5 |
120 |
100 |
6,67 |
20 |
12 |
93,33 |
105,33 |
Énoncé :
Une entreprise présente les bilans suivants (en millions FCFA) pour deux exercices consécutifs :
Poste |
N (début) |
N+1 (fin) |
Immobilisations nettes |
1 200 |
1 500 |
Stocks |
300 |
360 |
Clients |
400 |
430 |
Trésorerie active |
200 |
150 |
Capitaux propres |
1 000 |
1 150 |
Emprunts |
600 |
900 |
Fournisseurs |
500 |
490 |
Trésorerie passive |
0 |
100 |
Travail demandé :
1. Établir le tableau de financement (emplois/ressources) entre N et N+1.
2. Analyser la capacité de financement de l’entreprise.
3. Quelle est la variation nette de trésorerie ?
Correction
L’entreprise fournit ses bilans à la date N et N+1. Il s’agit de calculer les emplois et ressources, puis d’en déduire la variation de trésorerie et d’analyser la capacité de financement.
Question 1 : Établir le tableau de financement entre N et N+1
Étape 1 – Calcul des variations (N+1 – N)
Poste |
N (M FCFA) |
N+1 (M FCFA) |
Variation |
Immobilisations nettes |
1 200 |
1 500 |
+300 |
Stocks |
300 |
360 |
+60 |
Clients |
400 |
430 |
+30 |
Trésorerie active |
200 |
150 |
–50 |
Capitaux propres |
1 000 |
1 150 |
+150 |
Emprunts |
600 |
900 |
+300 |
Fournisseurs |
500 |
490 |
–10 |
Trésorerie passive |
0 |
100 |
+100 |
Étape 2 – Classement des variations
Emplois (utilisation de ressources = augmentation d’actifs ou baisse de passifs) :
Emplois |
Montant (M FCFA) |
Immobilisations nettes (↑) |
300 |
Stocks (↑) |
60 |
Clients (↑) |
30 |
Fournisseurs (↓) |
10 |
Total Emplois |
400 |
Ressources (origine de financement = augmentation de passifs ou baisse d’actifs) :
Ressources |
Montant (M FCFA) |
Capitaux propres (↑) |
150 |
Emprunts (↑) |
300 |
Trésorerie passive (↑) |
100 |
Trésorerie active (↓) |
50 |
Total Ressources |
600 |
Tableau de financement synthétique
RUBRIQUE |
Montant (M FCFA) |
EMPLOIS |
|
Investissements |
300 |
Besoin d’exploitation (stocks + clients) |
90 |
Fournisseurs (réduction) |
10 |
Total Emplois |
400 |
RESSOURCES |
|
Augmentation des CP |
150 |
Nouveaux emprunts |
300 |
Trésorerie passive |
100 |
Diminution de la trésorerie active |
50 |
Total Ressources |
600 |
Question 2 : Analyser la capacité de financement
L’entreprise a mobilisé 600 M FCFA de ressources, dont :
· 150 M d’autofinancement (augmentation des capitaux propres),
· 300 M d’endettement (emprunt bancaire),
· 150 M d’ajustements de trésorerie (diminution d’actif + augmentation de passif).
Elle a affecté 400 M FCFA à des emplois :
· 300 M pour investir dans les immobilisations,
· 90 M pour financer son exploitation (stocks, clients),
· 10 M pour rembourser une partie des dettes fournisseurs.
Il reste un excédent de financement de 200 M FCFA.
Question 3 : Quelle est la variation nette de trésorerie ?
Nb : L’entreprise est dans une bonne dynamique financière :
· Elle a investi (augmentation d’actifs durables),
· Elle a renforcé ses fonds propres et contracté un nouvel emprunt important,
· Sa trésorerie nette s’améliore, ce qui laisse entendre une maîtrise de l’équilibre financier.
Énoncé :
Une entreprise prévoit pour un projet :
· EBE constant : 180 millions FCFA par an
· Amortissements annuels : 60 millions FCFA
· Taux IS : 30 %
· Variation de BFR :
o Année 1 : +10 M
o Année 2 : +5 M
o Année 3 : –3 M
o Année 4 : 0
o Année 5 : –12 M
Travail demandé :
1. Calculer le cash-flow annuel sur 5 ans à l’aide de la formule :
2. Présenter un tableau synthétique des flux de liquidité.
3. Quelle année offre le plus grand flux net ?
Correction
1. Calculer le cash-flow net annuel
Étape 1 : Calcul du Résultat d’Exploitation
Étape 2 : Calcul de l’impôt sur les bénéfices (IS)
Étape 3 : Calcul du Cash-flow annuel par année
Année |
EBE |
Amort. |
REX |
IS |
ΔBFR |
Cash-flow |
1 |
180 |
60 |
120 |
36 |
+10 |
((180 – 60 – 36) + 60 – 10) = 134 M |
2 |
180 |
60 |
120 |
36 |
+5 |
((180 – 60 – 36) + 60 – 5) = 139 M |
3 |
180 |
60 |
120 |
36 |
–3 |
((180 – 60 – 36) + 60 – (–3)) = 147 M |
4 |
180 |
60 |
120 |
36 |
0 |
((180 – 60 – 36) + 60 – 0) = 144 M |
5 |
180 |
60 |
120 |
36 |
–12 |
((180 – 60 – 36) + 60 – (–12)) = 156 M |
Question 2 : Présenter un tableau des flux
Tableau synthétique des flux de trésorerie (cash-flows nets)
Année |
Cash-flow net (M FCFA) |
1 |
134 |
2 |
139 |
3 |
147 |
4 |
144 |
5 |
156 |
Question 3 : Quelle année offre le plus grand flux net ?
L’année 5 offre le plus grand flux net avec 156 millions FCFA, en raison d’une libération de BFR (–12 M), ce qui augmente la trésorerie.
Nb :
Ø Même avec un EBE constant, les flux nets peuvent varier fortement en fonction de la fiscalité et du besoin en fonds de roulement.
Ø Cette simulation montre bien l’impact de l’optimisation du BFR sur la liquidité disponible.
Ø Le cash-flow n’est pas qu’une affaire de chiffre d’affaires ou de charges, c’est aussi une affaire de gestion opérationnelle.
Énoncé :
Voici un extrait d’un tableau de flux (en millions FCFA) :
Flux |
Montant |
Résultat net |
100 |
Dotations aux amortissements |
80 |
Variation BFR (augmentation) |
+20 |
Acquisition d’immobilisations |
–150 |
Emprunt contracté |
+200 |
Remboursement d’emprunt |
–60 |
Dividendes versés |
–40 |
Variation de trésorerie |
? |
Travail demandé :
1. Calculer la capacité d’autofinancement (CAF).
2. Reconstituer les flux par activité : exploitation, investissement, financement.
3. Déterminer la variation nette de trésorerie.
Corrigé
Question 1 : Calculer la Capacité d’Autofinancement (CAF)
La CAF représente les ressources internes disponibles avant variation du BFR et investissements.
Question 2 : Reconstituer les flux par activité
A. Flux de trésorerie liés à l’exploitation
B. Flux d’investissement
Acquisition d’immobilisations = –150 M FCFA
C. Flux de financement
· Emprunt contracté : +200 M
· Remboursement d’emprunt : –60 M
· Dividendes versés : –40 M
Question 3 : Déterminer la variation nette de trésorerie
Formule :
L’entreprise a généré un excédent de trésorerie de 110 M FCFA sur l’exercice.
Nb :
Ø L’entreprise dégage une CAF solide (180 M).
Ø Elle a investi lourdement (–150 M) mais a su se financer par emprunt (+200 M).
Ø Elle reste en situation positive de trésorerie malgré des dividendes et un remboursement d’emprunt.
Énoncé :
Un projet prévoit les flux suivants :
Année |
EBE |
Amort. |
ΔBFR |
IS (taux 33%) |
1 |
100 |
60 |
+5 |
? |
2 |
120 |
60 |
+4 |
? |
3 |
120 |
60 |
–3 |
? |
Travail demandé :
1. Calculer le résultat d’exploitation annuel.
2. En déduire l’IS à payer chaque année.
3. Calculer les cash-flow :
4. Interpréter les résultats.
Corrigé
1. Calculer le résultat d’exploitation annuel
Formule :
Année |
EBE |
Amort. |
REX = EBE – Amort. |
1 |
100 |
60 |
40 |
2 |
120 |
60 |
60 |
3 |
120 |
60 |
60 |
2. En déduire l’IS à payer chaque année
Formule :
Année |
REX |
IS = REX × 33 % |
1 |
40 |
13,20 |
2 |
60 |
19,80 |
3 |
60 |
19,80 |
3. Calculer les cash-flows
Année |
EBE |
Amort. |
REX |
IS |
ΔBFR |
CF = ((EBE – Amort – IS) + Amort – ΔBFR) |
1 |
100 |
60 |
40 |
13,2 |
+5 |
((100 – 60 – 13,2) + 60 – 5) = 81,8 |
2 |
120 |
60 |
60 |
19,8 |
+4 |
((120 – 60 – 19,8) + 60 – 4) = 96,2 |
3 |
120 |
60 |
60 |
19,8 |
–3 |
((120 – 60 – 19,8) + 60 – (–3)) = 103,2 |
4. Interpréter les résultats
On observe que :
· Le cash-flow augmente d’année en année, bien que l’EBE soit stable entre les années 2 et 3.
· Cette amélioration est due à la libération de BFR en année 3 (–3 M FCFA), qui génère une entrée de trésorerie.
· La charge fiscale est constante pour les années avec un même REX, ce qui montre que la fiscalité suit une logique proportionnelle.
Le retraitement des amortissements dans le cash-flow joue un rôle crucial : ce sont des charges non décaissées, réintégrées au calcul du flux.